Le Trail de Pichauris 2019 – 31 km et 1700 D+

« Encore 400 m et c’est l’arrivée. 400 m… Mon premier trail de 30 km. Je l’ai fait. Je l’ai fait. Un virage à droite. C’est la fin de la descente. L’émotion monte. Je sens mes yeux s’embuer. J’aperçois un bénévole. Je me ressaisis… la pudeur… Je vois la ligne d’arrivée devant moi, dans l’herbe… juste 200 m… »

Quand j’y repense, lorsque le réveil a sonné à 04h45, après une mauvaise nuit, évidemment… j’avais déjà en tête la première barrière horaire de 3h vers le 15ème km… Mon premier trail de 30 km, mon premier trail avec des barrières horaires, mon premier trail avec un stress avant départ…
J’allume mon téléphone et ma première pensée est pour Céline, dite « La Licorne » qui s’est lancée au départ du 78 km du Trail de Pichauris à 1h du matin. Pas de message ni sur mon tél, ni sur Facebook, c’est que tout va bien…

« Encore 400 m et c’est l’arrivée. 400 m… Mon premier trail de 30 km. Je l’ai fait. Je l’ai fait. Un virage à droite. C’est la fin de la descente. L’émotion monte. Je sens mes yeux s’embuer. J’aperçois un bénévole. Je me ressaisis… la pudeur… Je vois la ligne d’arrivée devant moi, dans l’herbe… juste 200 m… Cette cloche qui retentit… 150 m… »

Dire qu’il y a six heures de ça, j’étais sur la ligne de départ. Un stress dans le ventre à l’évocation de cette satanée barrière horaire de 3h. J’ai beau me dire que oui, ça va passer… mais comment est le terrain ? Comment sont les descentes ? Est-ce que ça va bouchonner… 15 km et 950 m de dénivelé en moins de trois heures… ça ne parait pas insurmontable… mais bon…
08h30, le départ est lancé. Caméra au poing, je pars sur un rythme à l’économie mais pas trop… ben oui… les barrières horaires… Dès le départ ça monte à faible pourcentage sur une piste. J’alterne petit trot et marche rapide. A priori je suis dans les derniers, mais je m’en fous… la barrière horaire…

Km 5, on quitte enfin la piste pour se lancer dans l’ascension du Pic de Taoumé par un single. La montée me pousse à marcher, mais j’en profite pour admirer le paysage. Les reliefs des décors de Pagnol sont tout autour de nous. De magnifiques points de vue sur Marseille et ses environs s’égrènent au fil des kilomètres. Après un replat, la fin de l’ascension du Taoumé est bien plus pentue mais amène très vite au premier sommet de ce trail.

La descente qui suit est parfois périlleuse et plutôt glissante. Un des coureurs en a d’ailleurs eu la triste expérience, un genou abimé, apparemment, quand je suis passé à côté de lui. Les secours avaient déjà été appelés et un hélicoptère est venu plus tard l’hélitreuiller. En ce qui me concerne, j’ai fait la descente avec prudence avant d’attaquer la deuxième ascension vers le Col du Garlaban…

« Encore 400 m et c’est l’arrivée. 400 m… Mon premier trail de 30 km. Je l’ai fait. Je l’ai fait. Un virage à droite. C’est la fin de la descente. L’émotion monte. Je sens mes yeux s’embuer. J’aperçois un bénévole. Je me ressaisis… la pudeur… … Je vois la ligne d’arrivée devant moi, dans l’herbe… juste 200 m… Cette cloche qui retentit… 150 m… Des clameurs et des encouragements… 100 m… »

Le Col du Garlaban semble à la fois si loin et si récent. Ah ce col, c’était déjà plus sérieux : 3,5 km pour 450 m de dénivelé. Comme toutes les montées et descentes de ce parcours, le terrain était très rocailleux, pierreux, offrant rarement quelques portions de terre. La montée était plus difficile, mais l’arrivée au sommet, jusqu’à la Croix du Garlaban, a été magique. Je passe la barrière horaire des 3 h avec 20 minutes d’avance… sourire sur les lèvres et dans la tête. Quel magnifique panorama là-haut… mais brrr… quel froid aussi. Juste le temps de faire une photo et la publier sur Facebook pour immortaliser l’instant et partager avec les amis. Juste le temps d’apercevoir que « La Licorne » m’a laissé un message… une barrière non franchie pour elle. Deux ou trois gouttes de pluie fine tombent. Je suis triste pour elle, mais dans l’immédiat je ne peux rien faire. Et puis il fait froid, alors go la descente très technique. Tellement technique, qu’au tout début, courir relevait presque du suicide… Mais elle n’était pas longue et très vite, le parcours empruntait un balcon à flan de falaise offrant, encore une fois, de magnifiques points de vue.

Après une petite remontée, j’attaque une terrible descente avec une canadienne… Ca m’en rappelle une autre… Terrible descente, car là encore, très difficile de courir sur ce terrain très rocailleux sans risquer une entorse. Terrible aussi quand on voit la pente, 1,8 km pour 364 m de dénivelé négatif… Terrible pour les jambes aussi du coup. Une toute petite portion plane amène très vite au Grand Vallon… Quel passage !!!

« Encore 400 m et c’est l’arrivée. 400 m… Mon premier trail de 30 km. Je l’ai fait. Je l’ai fait. Un virage à droite. C’est la fin de la descente. L’émotion monte. Je sens mes yeux s’embuer. J’aperçois un bénévole. Je me ressaisis… la pudeur… … Je vois la ligne d’arrivée devant moi, dans l’herbe… juste 200 m… Cette cloche qui retentit… 150 m… Des clameurs et des encouragements… 100 m… J’aperçois un photographe juste derrière la ligne… 50 m… »

Je repense à cette ascension très particulière du Grand Vallon… Tout d’abord un single très étroit dans les broussailles et puis très vite, de gros rochers éparpillés obligeant à monter les jambes très haut pour les gravir en s’aidant souvent des mains… Après 19 km ça fait mal… et c’est pas fini. L’endroit dégage une atmosphère tellement particulière et plus on monte dans le vallon, plus on approche de l’alpinisme jusqu’à l’arrivée devant ce qu’on appelle les Marmites, magnifiques portions de roches sculptées par des eaux sauvages dans des temps passés. Les Marmites et leur corde à noeuds… Il va falloir mettre les bras à l’épreuve pour ce passage très original et se hisser à 4 m plus haut. Je pense à La Licorne qui n’a pas pu découvrir cette originalité. Un plus indéniable à ce Trail. Quelques efforts pour atteindre le sommet de cette marmite et c’est reparti. Ca continue à grimper de rocher en rocher pour enfin s’apaiser un peu et rejoindre un single bien plus praticable. La montée faiblit pour amener jusqu’à la deuxième barrière horaire, celle de 5 h, au km 22. Barrière que je passe avec 34 minutes d’avance… maintenant plus de stress… y a plus de barrière.

« Encore 400 m et c’est l’arrivée. 400 m… Mon premier trail de 30 km. Je l’ai fait. Je l’ai fait. Un virage à droite. C’est la fin de la descente. L’émotion monte. Je sens mes yeux s’embuer. J’aperçois un bénévole. Je me ressaisis… la pudeur… … Je vois la ligne d’arrivée devant moi, dans l’herbe… juste 200 m… Cette cloche qui retentit… 150 m… Des clameurs et des encouragements… 100 m… J’aperçois un photographe juste derrière la ligne… 50 m… A côté de lui, une bénévole m’attend, scannette à la main 25 m… Bientôt la délivrance... »

La délivrance… 22ème km et plus de barrière horaire. J’en profite pour m’arrêter quelques petites minutes au ravito avant de poursuivre ma course en alternant de plus en plus marche et running. Encore un beau point de vue, cette fois-ci sur le village de Roquevaire en contrebas, avant de rejoindre une piste après une montée courte mais assez abrupte. Une fois sur la piste, au 26ème km, difficile de relancer. Un gros coup de bambou. Les jambes me brulent, je suis fatigué, alors je m’octroie un kilomètre de marche avant de quitter la piste et retrouver un semblant de mental pour la dernière descente vers l’arrivée. Elle n’est pas spécialement difficile. En temps normal je me serais plutôt lâché là, mais j’ai du mal à soulever les pieds. Du coup, je descend au petit train, n’hésitant pas à marcher dans certains passages un peu plus délicats. En contrebas, j’entends le speaker à l’arrivée. Ca remotive. Je vais le finir ce 30 km, je vais le finir… prudence dans la descente.

Cette fois-ci, ça y est, je retrouve la piste du départ, l’arrivée doit être à 500 m… Une grosse émotion monte en moi, c’est con, c’est « qu’un » 30 km je me dis… Encore 400 m et c’est l’arrivée. 400 m… Mon premier trail de 30 km. Je l’ai fait. Je l’ai fait. Un virage à droite. C’est la fin de la descente. L’émotion monte. Je sens mes yeux s’embuer. J’aperçois un bénévole. Je me ressaisis… la pudeur… … Je vois la ligne d’arrivée devant moi, dans l’herbe… juste 200 m… Cette cloche qui retentit… 150 m… Des clameurs et des encouragements… 100 m… J’aperçois un photographe juste derrière la ligne… 50 m… A côté de lui, une bénévole m’attend, scannette à la main… 25 m… 5 m… un grand sourire sur le visage, le bras en l’air… Ca y est, je l’ai fait…. J’ai fait mon premier trail de 30 km, avec plus de 1700 m de D+… en 5h58. J’entends vaguement mon nom prononcé par le speaker… Je suis fatigué… mais je l’ai fait. J’avais dit au départ que je pensais tourner autour de 6h… il semble que je me connaisse bien. Je l’ai fait ce très beau trail de Pichauris. Je l’ai fait. Très technique, autant difficile en montée qu’en descente, mais avec des paysages absolument somptueux. Je l’ai fait… et je le partage avec vous dans cette vidéo…

Vous aimerez aussi...

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *